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Page:Chapman - Le Lauréat (critique des œuvres de M. Louis Fréchette), 1894.djvu/102

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Une des plus émouvantes traditions qui aient été recueillies par M. Taché est celle du dernier exploit de Cadieux, cet héroïque coureur des bois qui, pour sauver des compagnons poursuivis par les sanguinaires Iroquois, périt dans la forêt primitive de l’Ottawa, et que l’on retrouva, quelque temps après sa mort, couché dans une fosse creusée de ses propres mains, et pressant encore entre ses doigts glacés une écorce de bouleau à laquelle il avait confié - sous forme de complainte- ses dernières angoisses et son suprême adieu.

Pour obtenir les renseignements qu’il lui fallait, pour écrire l’histoire de Cadieux, M. Taché fit de longs voyages, et mit à contribution ses connaissances intimes et pratiques de la rude vie des hommes de la forêt.

Ce ne fut qu’après bien des tentatives infructueuses qu’il parvint à rencontrer quelqu’un se rappelant encore, mais vaguement, la complainte qu’on avait trouvée, il y a deux cents ans, sur la poitrine du héros mort victime de son dévouement ; et les quelques bribes que lui en dit un vieux guide — le père Morache — lui aidèrent à reconstruire et à remettre en lumière un des faits les plus remarquables des premiers temps de la colonie, que l’ombre de l’oubli noyait déjà, et qui, sans l’auteur de Forestiers et Voyageurs, se serait vite évanoui dans la nuit des âges.