Page:Chapman - Le Lauréat (critique des œuvres de M. Louis Fréchette), 1894.djvu/113

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UN CONCOURS



Regardez autour de vous : tout ce qui palpite, murmure, gazouille, chante, est frêle et délicat.

Le roseau qui, sous les baisers de fonde ou du vent, vibre avec tant de douceur et d’harmonie, est un arbuste grêle ; le blé, auquel la brise donne des ondulations si mélodieuses, est une plante fluette ; le rossignol est un des plus petits maëstros de la forêt ; le stradivarius, sur les cordes duquel frissonnent tour à tour la voix humaine, le gazouillis des sources, la chanson des nids, est un instrument que le moindre choc peut briser.

Et pourquoi le divin ouvrier a-t-il fait la femme plus fragile que l’homme ?

Sans doute, pour que son cœur, débordant de passion, d’extase et d’amour, vibrât plus spontanément et plus largement aux souffles des sentiments les plus délicats, les plus purs, les plus enthousiastes et les plus généreux.