Page:Chapman - Le Lauréat (critique des œuvres de M. Louis Fréchette), 1894.djvu/26

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CHAPMAN

Le ciel est radieux ; le soleil de janvier
Fait miroiter au loin les coteaux pittoresques
Où de joyeux essaims d’enfants chevaleresques
Glissent sur leurs traîneaux prompts comme l’épervier.


FRÉCHETTE

Quand le soleil luit, la neige est coquette ;
Mol et lumineux, son tapis attend
Le groupe rieur qui sur la raquette
Au flanc des coteaux chemine en chantant.


Le Maître avait cru qu’en mettant sur les coteaux des raquettes au lieu de traîneaux il cacherait son jeu. Malheureusement le jeu a tourné contre lui, à cause de mes yeux de lynx, pour parler comme M. Fréchette.

Mais reprenons nos citations des vers du Maître et du disciple :


CHAPMAN

Sur le cristal glacé des fleuves gigantesques,
Les patineurs, montés sur leurs lames d’acier,
Tracent en tournoyant de folles arabesques,
Ou luttent de vitesse avec quelque coursier,


FRÉCHETTE

Dans les soirs sereins, l’astre noctambule
Plaque vaguement d’un reflet d’acier
La clochette d’or qui tintinnabule
Au harnais d’argent du fringant coursier.


Je vous avouerai, Maître, qu’ici vous ne m’avez pas volé d’idées, et que vous vous êtes contenté de me subtiliser deux rimes.