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LE LAURÉAT

province, son élection, comme député au parlement pour une circonscription électorale aussi importante que celle de Lévis, lui donna un prestige qui ne fit qu’accroître celui qu’il avait déjà comme poète.

Le miroitement des écus accumulés inopinément devant lui — à la suite de son union avec une riche héritière — éblouit les yeux de la foule et lui fit prendre pour de l’or le clinquant qui brille dans ses opuscules.

Mais les principales causes qui ont permis à M. Fréchette de se hisser sur le pavois littéraire sont notre apathie en ce qui concerne les travaux intellectuels, absence parmi nous de toute critique, la rareté chez nos libraires des ouvrages dans lesquels il puisait à pleines mains, l’assiduité de plusieurs journaux à chanter ses louanges, et, enfin, son couronnement par l’Académie française.

Aussi, parfaitement sûr que personne ne s’apercevait ni de ses plagiats ni du ridicule des éloges abracadabrants qu’une certaine presse ne cessait de lui prodiguer, le lauréat s’est fait toute la réclame qu’emploie un charlatan en train de populariser une nouvelle drogue.

Pour se faire mousser, il n’a reculé devant aucun moyen, et, au lendemain de la première représentation de son drame historique Papineau, dont toute l’intrigue a été prise dans les Anciens Canadiens de