Page:Chapman - Le Lauréat (critique des œuvres de M. Louis Fréchette), 1894.djvu/45

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AUDACES FORTUNA JUVAT



Le grand critique français, Jules Lemaître, parlant de Théodore de Banville, dit dans ses Contemporains :

M. Théodore de Banville est un poète lyrique hypnotisé par la rime, le dernier venu, le plus amusé et dans ses bons jours le plus amusant des romantiques, un clown en poésie qui a eu dans sa vie plusieurs idées, dont la plus persistante a été de n’exprimer aucune idée dans ses vers.

Vraiment, on croirait — si parva licet componere magnis — que les lignes qui précèdent, malgré une petite réserve qu’on y pourrait faire, ont été écrites pour définir le procédé littéraire de M. Fréchette.

En effet, le lauréat, quand il ne juge pas à propos de s’emparer du bagage des autres, accomplit à tout coup ce tour funambulesque qui semble étonner si fort Jules Lemaître : faire des vers sans rien mettre dedans.

C’est surtout dans ses premières poésies qu’on