Page:Chapman - Le Lauréat (critique des œuvres de M. Louis Fréchette), 1894.djvu/51

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quent chez M. Fréchette tout un système savant de pillage, démontrent qu’il s’est servi de son métier de versificateur — un métier qu’il exerce depuis trente ans — pour essayer de faire disparaître les traits révélateurs des sources où il puisait ses inspirations.

Pour arriver presque au résultat qu’il rêvait, il a employé, je pourrais dire, tous les procédés.

Tantôt il subtilisait à Victor Hugo & Cie l’hémistiche droit d’un vers qu’il avait sous les yeux, pour, en faire l’hémistiche gauche de celui qu’il était en train de tourner, et inversement.

Tantôt il prenait des alexandrins d’un auteur quelconque, et en construisait des octosyllabes, on bien encore il faisait des vers à rimes plates avec des strophes.

Très souvent il ne faisait que changer un mot ou deux dans le vers qu’il chipait.

Quoi qu’il en soit, malgré tout le mal qu’il s’est donné pour cacher son jeu, il n’a pu tromper tout le monde, comme vont en faire foi les citations qui suivront.

Mettons d’abord le doigt sur les hémistiches chipés :

VICTOR HUGO

Comme un grand cachalot à carcasse de fer.[1]

FRÉCHETTE

Dormait tout essoufflé comme un grand cachalot.

  1. La Légende des Siècles, 15ième vers de Pleine Mer.