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les aspirations


Et sitôt que l’on fait résonner ta musique,
Sitôt que l’on entend tes accords palpiter,
On croit ouïr ton âme en sanglots éclater,
Ô virtuose étrange ! ô sublime phtisique !

Même quand ton génie, oubliant ses douleurs,
Dans les notes veut faire étinceler le rire,
Sous tes doigts décharnés le piano soupire,
Et tes scherzos légers semblent mouillés de pleurs.

Notre esprit s’épouvante et s’emplit de ténèbres
En sondant de ton cœur le gouffre palpitant,
Et sur tes mazurkas, si folâtres pourtant,
Voltige l’écho sourd de tes marches funèbres.
 
Mais, parmi les sanglots du grand flot musical
Qui rend les fronts songeurs et les cœurs taciturnes,
À travers les accords plaintifs de tes nocturnes,
On distingue toujours le fier accent natal.