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les aspirations


Le noble bâtiment déserta notre plage,
Laissant ici la fleur de son fier équipage,
Laissant un souvenir immortel sur nos flots.
Il disparut ainsi que tout astre qui sombre,
Et, comme il décroissait, au loin, dans la pénombre,
Le rivage attristé s’emplit d’amers sanglots.

Il s’enfuit, désarmé, vers des bords plus prospères,
Emportant l’étendard dont tant de fois nos pères
Avaient teint de leur sang les augustes lambeaux.
Versailles resta sourd aux voix désespérées
Que lui portaient alors nos brises éplorées…
Et Voltaire avait eu raison de nos héros.

Ces héros, en perdant le drapeau de la France,
Restèrent sans appui comme sans espérance ;
Mais, dans leur abandon, pouvant encor bénir
La main qui leur avait tendu l’éponge amère,
Ils gardèrent toujours le culte de leur mère,
Glorieux de son nom et de son souvenir.