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les marins de la « jeannette »

Des chants d’enthousiasme et des flots d’harmonie
S’élevèrent des bords de la Californie,
Et Londres, qui prend part aux plus hardis travaux,
De loin, les acclama de délirants bravos.

Explorateurs que rien n’arrête et ne déroute,
Ils s’en allaient frayer une nouvelle route,
Et, comme la France est de tous les grands essais,
Leur navire à son flanc portait un nom français.

Pionniers du progrès, orgueilleux de leur rôle,
Ils allaient hardiment, l’œil tourné vers le pôle ;
Ils espéraient franchir les gouffres inconnus
D’où tant d’audacieux ne sont pas revenus,
Et rêvaient de porter la bannière étoilée
Plus loin qu’aucune voile encor n’était allée.
 
Parfois, dans les beaux soirs, quand les vents se taisaient,
Et que les astres d’or dans les vagues luisaient,
Groupés au pied des mâts, ils narraient des histoires ;
Du pays des aïeux ils évoquaient les gloires,