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les aspirations

Effleurant de son vol la lame cristalline ;
Il grandit, il grandit toujours, et se dessine.
Est-ce un énorme amas d’algues et de roseaux
Qui s’approche de nous entraîné par les eaux ?
Est-ce un îlot flottant ? Est-ce une nouvelle arche ?
Non, c’est d’une forêt un large pan qui marche,
C’est un radeau géant que de lourds avirons,
En cadence tirés par d’âpres bûcherons,
Gouvernent au milieu du grand lac qui sommeille.

Aucun bruit sous le ciel ne frappe notre oreille,
Hors le sourd grondement du rapide en aval
Vers lequel est guidé le radeau colossal,
Hors le gazouillement suave de la brise…
Et la « cage » à présent nettement se précise.
Un brasier étincelle et pétille au milieu,
Et trente « voyageurs », groupés autour du feu,
Entre eux parlent tout bas du retour aux villages.
Ils ont passé cinq mois sur des rives sauvages,
Ils ont durant cinq mois, sous des bois giboyeux,
Abattu par milliers chênes et pins neigeux,