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le radeau

A la fraîcheur des eaux, des bois et des écores
Dont elle fait frémir les mille échos sonores.

Depuis quelques instants les hardis voyageurs
Ont cessé tout propos et restent tout songeurs :
Ils vont bientôt glisser dans un immense abîme.

Soudain de ces vaillants le groupe altier s’anime,
Et, sur un simple mot du chef, les bûcherons
Ensemble ont empoigné les pesants avirons,
Sur qui le brasier jette encore un reflet pâle,
Puis, découvrant leur front tout bronzé par le hâle,
Dont savent se moquer ces rudes gaillards-là,
Ils entonnent en chœur l’Ave Maris Stella…

Comme à regret, l’écho des bosquets de la berge
Redit le dernier mot du vieil hymne à la Vierge,
Et le bruit cadencé des rames dans les flots
Remplace le doux chant si cher aux matelots.

Plus vite à présent va le grand radeau solide,
Brusquement attiré par le prochain rapide.