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les aspirations

Sous le poids de la neige étincelant dans l’ombre.
La savane s’endort dans sa majesté sombre,
Pleine du saint émoi qui vient du firmament.
Dans l’espace nul bruit ne trouble, un seul moment,
Le transparent sommeil des gigantesques arbres
Dont les troncs sous le givre ont la pâleur des marbres.
Seul, le craquement sourd d’un bouleau qui se fend
Sous l’invincible effort du grand froid triomphant
Rompt d’instant en instant le solennel silence
Du désert qui poursuit sa rêverie immense.

Tout à coup, vers le nord, du vaste horizon pur
Une rose lueur émerge dans l’azur,
Et, fluide clavier dont les étranges touches
Battent de l’aile ainsi que des oiseaux farouches,
Éparpillant partout des diamants dans l’air,
Elle envahit le vague océan de l’éther.
Aussitôt ce clavier, zébré d’or et d’agate,
Se change en un rideau dont la blancheur éclate,
Dont les replis moelleux, aussi prompts que l’éclair,
Ondulent follement sur le firmament clair.