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terre !

Le fier rêveur toujours cherchait la solitude.
Souvent on le voyait dans la même attitude,
Admirant les effets du mirage sur l’eau
Qui dans ses plis mouvants reflète Saint-Malo,
Écoutant ce que dit la rumeur des mélèzes
Cramponnés au penchant des farouches falaises,
Regardant s’engouffrer, comme un navire d’or,
Le disque du soleil dans l’onde qui s’endort,
Contemplant, aux lueurs pensives des étoiles,
Les barques dont la brise enflait au loin les toiles,
Qui lui semblaient des vols de cygnes gracieux
Égarés quelque part dans l’outremer des cieux.

Pendant qu’il errait seul sur le sable des grèves,
L’esprit ouvert au souffle ensorceleur des rêves
Et le regard perdu sur le flot rayonnant,
D’attirantes rumeurs affluaient du ponant.
Et, le soir, on causait par toute la Bretagne
De pays enchantés qu’un pilote d’Espagne
Venait de découvrir derrière l’Océan ;
On faisait le tableau d’un empire géant