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les aspirations


On vient de tous les points voir ce chef-d’œuvre énorme ;
Mais, que la cité veille ou que la cité dorme,
Rien ne fait tressaillir l’impassible géant,
Et, sous l’astre levant du siècle qui commence,
Le colosse poursuit en paix son rêve immense,
Les pieds enracinés dans le gouffre béant.

Et devant ce titan l’esprit soudain s’éveille ;
Nous songeons, orgueilleux, qu’une telle merveille,
Dont l’audace séduit les passants transportés,
Est un des lourds anneaux de la chaîne féconde
Que la main du progrès enroule sur le monde,
À travers les grands monts et les gouffres domptés.
 
Nous voyons, tout rêveurs, l’œil perdu dans l’espace,
Le chemin qu’a déjà parcouru notre race
Sur ces bords teints du sang d’héroïques rivaux,
Nous voyons, au-dessus de l’époque où nous sommes,
Dans un nimbe éclatant, briller les noms des hommes
Auxquels le pays doit ses immortels travaux !