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terre !

Il implore avec eux le Maître souverain ;
Et tous ces matelots aux poitrines d’airain,
Tous ces aventuriers, qui n’ont courbé la tête
Ni devant les puissants, ni devant la tempête,
Au signal de leur chef, s’inclinent tout tremblants
Sous l’absolution d’un prêtre en cheveux blancs.

À quelques jours de là, toutes voiles ouvertes
Aux souffles du printemps ridant les ondes vertes,
Où l’aube secouait sa crinière de feu,
L’Émerillon, la Grande-Hermine et le Courlieu
Cinglaient, le cap à l’ouest, acclamés par la foule,
Dont les cris, dominant les clameurs de la houle,
Se mêlaient aux vivats du canon des remparts,
Pendant que les gabiers, sur les vergues épars,
D’un long regard voilé d’une larme furtive
Embrassaient le granit décroissant de la rive.
Et si quelqu’un, le soir de ce départ béni,
Se fût attardé, l’œil plongé dans l’infini,
Au bord de l’Océan qui réprimait ses vagues,
Il aurait entendu vibrer des lambeaux vagues