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terre !

Et sans fin des tillacs montent de gais refrains.
Comme le ciel et l’eau les Bretons sont sereins,
Et le feu de l’espoir brille dans leurs prunelles.
Rien ne vient altérer les splendeurs solennelles
Que versent sur la mer les rayons printaniers ;
Et, grisés du roulis, les hardis timoniers,
En sondant du regard l’immense solitude,
Ont souvent un sourire à leur moustache rude.

Cependant, un matin, tomba la nuaison,
Et le soleil monta très pâle à l’horizon.
 
Durant la nuit le ciel s’était caché derrière
Un grand voile blanchâtre à l’aspect funéraire.
Sous ce linceul les eaux effaçaient tous leurs plis
Et prenaient la pâleur de verres dépolis.
Une lourde moiteur planait sur l’onde inerte,
Et de vagues dessins la mer était couverte.
Les reflets qui tombaient du ciel couleur d’acier
Avaient le froid éclat que verse le glacier,
Et l’espace livide étouffait tous murmures.
Les voiles lourdement pendaient sur les amures.