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les aspirations


Le silence partout s’étend comme un linceul,
Et le flot, le pétrel, la mauve, la bruyère,
Le nid et le rameau, l’ajonc et le glaïeul
Ont un calme sans nom qui semble une prière.

Tout à coup, au milieu du feuillage muet,
Le bruit d’un pas léger tressaille sur la rive…
Et bientôt un chevreuil, furtif et l’œil au guet,
Débuche d’un hallier et marche vers l’eau vive.

Il sonde du regard, avant de s’abreuver,
Le rivage endormi que nul oiseau ne rase,
Puis, fixant le croissant qui vient de se lever,
Pousse comme un soupir de tristesse ou d’extase.

En contemplation devant l’immensité
Des ondes et des cieux éclairés par la lune,
Il promène en tous sens son grand œil velouté,
Souvent vers le zénith lève sa tête brune.