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à mademoiselle * * *


Quand le vent embaumé berce les encensoirs
Des lis que les rayons de mai partout font croître,
Pourquoi, te dépouillant de tes longs cheveux noirs,
Cours-tu t’ensevelir vivante dans un cloître ?

Pourquoi rêver devant une tête de mort,
Quand l’arbre parfumé qu’on nomme la jeunesse,
Balançant ses rameaux tout chargés de fruit d’or,
Jette au vent des amours ses chansons, son ivresse ?

Qu’importe ton secret ?… Tu pars le cœur content ;
Tu sembles ignorer, de mystères avide,
Que la maison dorée où tu nous charmais tant
Sera demain aussi morne qu’un berceau vide.
 
T’arrachant aux baisers de ta famille en pleurs,
Tu franchiras le seuil sacré du sanctuaire,
En toilette de bal, le front chargé de fleurs,
Pour aller te coucher sous un drap mortuaire.