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les aspirations

Il dormait, inconnu, sauvage et souverain,
Sous l’immuable azur d’un ciel pur et serein.
Son fleuve, déroulant sa nappe gigantesque
Sous l’ombrage d’un bois d’une grandeur dantesque,
N’était jamais troublé que par les ouragans,
Que par je pied léger des grands cerfs élégants
Qui venaient, entr’ouvrant les rameaux de ses rives,
S’abreuver à des eaux transparentes et vives.
Ses monts, dont le sommet touche au dôme du ciel,
N’avaient dû tressaillir qu’au souffle originel,
Et ses lacs infinis, ses blanches cataractes
Croulant sous les arceaux de savanes compactes
Dont nul œil n’aurait pu scruter la profondeur,
Ses pins majestueux bouillonnants de verdeur,
Ses brises, ses oiseaux, ses plantes, ses ramures,
Mariant leurs clameurs, leurs refrains, leurs murmures,
Disaient l’hymne d’amour que la virginité
Des forêts et des eaux chante à l’immensité.

Depuis combien de temps le géant solitaire
Sommeillait-il ainsi sous les astres ? Mystère.