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sous la statue de champlain


Ils rêvent d’agrandir la terre des aïeux.
Pour les guider, sans fin brille un but radieux.
Ils vont le front toujours tourné vers quelque cime.
Ils marchent, et l’erreur devant eux disparaît,
Ils parlent, et l’on voit s’incliner la forêt,
S’entr’ouvrir la montagne et frissonner l’abîme.

Ils tiennent des flambeaux que rien ne fait pâlir.
Ils ne soupçonnent pas ce que c’est que fléchir.
En vain la mort les guette et la faim les torture,
Ils combattent sans trêve, enchaînés au devoir ;
Et ces nobles vaillants semblent parfois avoir
Le culte du haillon, l’amour de la blessure.

Nul ne peut conquérir de pareils conquérants ;
Et, comme à l’horizon quelques chênes géants
Dominent de leur cime ondoyante et sereine
Une futaie ombreuse et pleine de verdeur,
Les vrais héros chrétiens dépassent en splendeur
Les arbres les plus fiers de la forêt humaine.