Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/109

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En caressant leurs flancs de ses baisers d’écume,
Maints pêcheurs vont tirant, penchés sur l’eau qui fume,
Le poisson que le Golfe agglomère en son lit.
En deçà, près du bord, voisin du mont Joli,
Comme un vaisseau géant qui serait de calcaire
Et tournerait son large éperon vers la terre,
Entouré de brisants, le fameux Roc percé
Dresse orgueilleusement son sommet élancé,
Et, sous le vol bruyant de lourds oiseaux sans nombre,
Mire au cristal des eaux l’arche géante et sombre
Ouverte dans son flanc poreux et lézardé
Par les constants assauts du grand flot débordé.
À droite, en contre-bas de collines coquettes,
Se dessinent les toits de blanches maisonnettes,
Les replis de chemins bordés d’arbres ombreux,
Des prés où des troupeaux de moutons et de bœufs
Broutent, comme noyés dans l’herbe épaisse et haute.
A gauche, dominant tous les caps de la côte,
Les Murailles, rochers abrupts et sourcilleux,
Semblent dans le lointain les pilastres des cieux,
Et leur hauteur farouche et formidable écrase
Les marins dont la barque approche de la base
De ce cliff où déjà s’étend l’ombre du soir.
En arrière, tout près, creusée en entonnoir,
La Grand’Coupe à la fois épouvante et fascine
Le voyageur suivant, à travers la bruine
Qui s’élève du gave à mille pieds sous lui,
La route étroite et sombre, où nul rayon ne luit,