Et Percé dès longtemps a conquis un renom
Stable comme son île, altier comme son mont.
Cependant la pénombre envahit la prairie,
La montagne, la mer, le bois. La rêverie
Avec elle descend de l’infini des cieux ;
L’astre des souvenirs, moroses ou joyeux,
Éclaire notre esprit, et devant nos prunelles
Défilent sur les eaux galions, caravelles.
Et nous voyons Cartier et ses vaillants Bretons
Pénétrer dans le Golfe, au hasard, à tâtons,
Et contempler le Roc ― désormais si célèbre ―
Que lentement la nuit estivale enténèbre ;
Nous les voyons plonger fiévreusement les yeux
Dans la sombre épaisseur de bois mystérieux
Balançant leurs arceaux aux brises printanières
Et chercher dans ces lieux mornes et solitaires
Une cime où planter pour la première fois
Le drapeau de la France et l’arbre de la Croix.
Sous nos yeux, près d’ici, débarqué du navire
Qui l’amena de France à Percé qu’il admire,
Laval, le grand Laval, au pied d’un humble autel,
Élève l’Ostensoir vers la voûte du Ciel,
Puis, sur le front courbé de blancs et de sauvages,
Étend la main qui doit chasser tous les servages,
Et faire luire, au bord du fleuve illimité,
Le labarum du Christ et de la Liberté !
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