Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/133

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Agitant leurs bonnets, poussant de longs hourras,
Auxquels, comme un écho, répond, de proche en proche,
En des cris délirants, la bande qui s’approche ;
Et bientôt, débouchant du noir fourré d’un val,
Les habiles tireurs descendent de cheval,
Longuement salués de clameurs éclatantes.

Par les femmes servis à la porte des tentes,
Les hommes, affamés, mangent à belles dents,
Sous l’aveuglant éclat de grands brasiers ardents
Tout à l’heure allumés pour chasser les moustiques.
Ils sont joyeux, ils sont verbeux, taquins, caustiques,
A tout instant changeant de pose et de propos,
Et supputant déjà la somme que les peaux
Leur devront rapporter au comptoir de la traite.

Le repas terminé, les fiers chasseurs, en fête,
Auprès d’un feu nouveau cuisant de nouveaux mets,
À la mode des Cris, fument leurs calumets,
Et ne tarissent pas sur la course acharnée
Dont le succès marqua la fin de la journée ;
Et de hardis marksmen exaltent leurs exploits.
Par moment les Métis parlent tous à la fois.
Chaque enfant les écoute et les fixe, en extase,
Chaque femme, réjouie, en verve, jase, jase,
Brûlante du désir de voir lever le camp,