Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/17

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Qu’au berceau les enfants apprennent à bénir,
Plongeait avec espoir son œil dans l’avenir.
À l’appel de cet homme à la vaillance antique,
Les fils de Loyola, traversant l’Atlantique,
Étaient venus verser l’eau du baptême au front
Du farouche Algonquin et du fauve Huron ;
Maintes tribus des bois s’alliaient à nos pères,
Et les seuls Iroquois gardaient, dans leurs repaires,
Où fumaient nuit et jour des cadavres sanglants,
L’amour de l’embuscade et la haine des Blancs
Dont le fer abattait les forêts séculaires.
Déjà le bourg naissant de la Pointe-à-Callières
Avait vu des héros, la croix ou l’arme aux mains,
Tomber sous la fureur de ces monstres humains
Qui promenaient partout le meurtre, l’incendie
Et l’âpre et courageux colon de Normandie
N’osait fouiller le sol aux abords d’un bosquet
Sans avoir déposé près de lui son mousquet
Sous les yeux vigilants de quelque sentinelle.

Un jour, le vent des bois apporta sur son aile
La rumeur que, rêvant de combler les horreurs
De ses assauts sans fin contre nos laboureurs,
La peuplade, encor plus barbare et frénétique,
S’apprêtait à noyer tous les Francs d’Amérique
Dans un fleuve de sang, que pas un pionnier
Ne devait échapper au désastre dernier
Pour l’aller raconter à la mère patrie.