Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/37

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Mais les âpres soldats d’Albion, plus nombreux,
Menaçaient d’écraser ces gagneurs de batailles.
Les agresseurs déjà triomphaient, car nos preux
A travers l’Océan farouche et ténébreux
Vainement imploraient des renforts de Versailles.

Louis quinze était sourd à leur appel navrant
Cependant l’odieux et funeste monarque,
Honteux d’abandonner le Canada mourant,
Dépêcha vers les bords lointains du Saint-Laurent
Un guerrier du Midi, qu’eût exalté Plutarque.

Et Montcalm traversa l’Atlantique écumeux.
Le paladin, épris des héros de Corneille,
Fidèle au souverain, fier d’ancêtres fameux,
Dès sa jeunesse avait, intrépide comme eux,
Accompli des exploits dont l’esprit s’émerveille.

Fougueux comme Kléber, humble comme Marceau,
Fascinant ses soldats, cet homme de génie,
Chez qui toute infortune éveillait un écho,
Pouvait, malgré l’échec du brave Dieskau,
Dans un tragique effort, sauver la colonie.

Et dans la paix des bois il captive le cœur
Des farouches Indiens ; il noue une alliance