Page:Chapman - Les Fleurs de givre, 1912.djvu/82

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En étendant, Loubier poursuit toujours sa route,
La fatigue au jarret et la fièvre au cerveau.
Le soir le voit entrer sous un abri nouveau,
Faire un feu de bois sec et casser une croûte.

L’aube le voit encor debout. Gai, chantonnant,
Il perce de nouveau l’immense forêt vierge.
Le soir, un autre camp dans la pénombre émerge
Et prend, pour l’accueillir, un aspect rayonnant.

                                       ***

Durant une semaine et plus Loubier chemine,
Jalonnant son sentier de plaques et d’appâts.
Lorsque le dernier seuil tressaille sous ses pas,
La course vers les eaux polaires se termine.

Il se repose un jour, puis défait son chemin,
Et bondit, tout le feu de l’ivresse à la tête,
Chaque fois qu’il voit prise au piège quelque bête
À la robe opulente, au regard presque humain.

Dans sa hâte, il se heurte aux branchages, aux roches,
Les hardes en lambeaux et les pieds tout meurtris,