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172 SPHÈRE INTIME


Le glas râle dans le brouillard,

Qu’aucune lueur n’illumine…

Voici venir un corbillard,

Qui sort de la combe voisine.

Un groupe, vêtu de noir, suit,

Muet, le lourd traîneau funèbre.

Déjà du ciel descend la nuit,

Déjà la route s’enténèbre.

Et toujours du bronze éploré

Tombe la lugubre prière ;

Et j’entends dans mon cœur navré

Tinter comme un glas funéraire.

Je me souviens… Je me revois,

Sur le blanc linceul de la terre.

Dans la bise, en pleurs, aux abois,

Suivant le cercueil de mon père.

Je ne puis détacher mon œil,

Voilé d’une larme dernière,

Du silencieux groupe en deuil

Qui marche vers le cimetière.