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plates et tout autour de la poitrine, et comme la pression qui en résulte est souvent inégale, le thorax devient proéminent en avant, ou la région opposée devient gibbeuse. »

On trouve dans les travaux de Broussonnet, de Chevalier, de Friedlœnder de précieux renseignements sur les idées grecques et romaines à cet égard ; ils pensent unanimement que les femmes de ces deux grands peuples se serraient peu. Il semble toutefois que ces idées n’étaient point partagées par telle ou telle autre race européenne, aux mêmes époques : nos dignes mères, les fines Gauloises, malgré la primitivité de leur civilisation, n’ont pas échappé aux reproches des graves Romains sur la tendance à serrer la taille. Plusieurs textes le prouvent.

Pendant les premiers siècles de la Monarchie française et une grande partie du moyen âge, les bandelettes gréco-romaines furent abandonnées et bientôt remplacées par des corsages plus ou moins justes au corps. C’est une période de transition qui nous amène à la fin du moyen âge. Le corset n’était alors qu’une cotte, dite hardie, se moulant exactement sur le thorax sans exercer de compression. Même à la Renaissance, le corset n’existe pas ; il faut en reporter l’origine jusqu’au temps de Henri II. Sous le règne de François Ier, le vêtement appelé alors corsetus, corsatus, cursetus, corsellus n’était qu’une camisole ou une robe se mettant sur la chemise, ou même les robes étroitement adaptées. On n’y voit ni tiges de bois, ni lames de fer, mais souvent elles sont au nombre de deux superposées, très ajustées, cousues ou lacées par derrière. Cette mode avait