Page:Chapotot - L’Estomac et le Corset.djvu/91

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d’aliments à la fois. Elle avait des soifs vives. Elle ne vomissait pas, ne maigrissait pas.

Jamais de constipation.

Après un an de cette folle constriction, elle fut obligée, souffrant trop, de tenir plus lâche son corset. Elle n’a pourtant jamais cessé de le serrer un peu. Placée comme ouvrière, elle ne pouvait le garder pendant son travail, mais le remettait dès qu’elle sortait, ce qu’elle fait encore. Nous l’avons vue, après un repas, rougir, puis pâlir, avoir quelques sueurs, éprouver un sentiment de violente tension et des douleurs telles qu’il lui fallut enlever ses vêtements et dégrafer son corset. Alors elle se trouva mieux. Il lui est d’ailleurs impossible de se passer complètement de son instrument de torture ; habituée à avoir le buste serré, dès qu’elle n’a plus ce tuteur rigide, elle éprouve une lassitude dorso-lombaire qui l’oblige à le remettre. C’est un fait que nous avons plusieurs fois constaté. Malgré cela, chaque fois qu’elle enlève son corset, elle ressent un grand bien-être.

Les côtes n’ont qu’un sillon peu accusé, mais le thorax est en forme de baril. Au niveau de la quatrième côte il mesure 78 centimètres, à la huitième, 71 centimètres, à la dernière, 66 centimètres (51 avec le corset) ; c’est donc une différence de 12 centimètres entre la quatrième et la douzième côte (de 27 centimètres avec le corset !), alors que nous avons vu, d’après nos mensurations, qu’il n’y a, entre ces deux circonférences, qu’une différence moyenne de 3 centimètres.

Ajoutons que la malade a coutume, comme d’ailleurs la plupart des femmes, après avoir agrafé son corset, de l’abaisser, de le faire glisser en bas pour le mettre en place, augmentant encore de la sorte le refoulement des organes sous-diaphragmatiques.

À ces phénomènes, franchement dus au corset, se sont ajoutés, depuis quelques mois, d’autres phénomènes dyspeptiques (vomissements, etc.), que l’on peut mettre sur le compte du nervosisme qui s’est peu à peu développé chez cette jeune fille.

Son estomac est vertical, mais nous n’avons pu en préciser la forme et la situation par l’insufflation, la patiente n’ayant pu supporter la sonde.

Le foie déborde un peu les fausses côtes. Le rein droit se laisse facilement énucléer.


Cette observation se passe de commentaires ; il suffit de la lire pour se convaincre qu’il ne s’agit ni d’enté-