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« Je vais maintenant parler d’un projet aussi simple que judicieux, m’émanant pas d’un professeur ni d’un linguiste, mais d’un ancien commerçaint, et qui, s’il été adopté, serait la vraie solution, sans compter qu’il allégerait les programmes d’instruction qu’en tout pays subit la jeunesse.

« Il s’agirait d’obtenir, entre la France, l’Angleterre et les États-Unis d’Amérique, la conclusion d’un traité, non pas politique ou commercial, mais linguistique. En vertu de ce traité, l’anglais et le français seraient désormais associés de façon officielle dans l’enseignement des trois pays. L’anglais serait obligatoirement enseigné en France, le français en Angleterre et dans l’Amérique du Nord : non pas seulement dans les universités et le collèges, mais dans certaines écoles primaires des grandes villes. L’effet d’une telle convention ne tarderait pas à se faire sentir. Les deux langues ainsi désignées pour être le moyen de communication entre cent quatre-ving millions d’hommes, acquerraient du coup une sorte de prépondérance. En ce qui concerne l’acquisition de l’anglais, les peuples de l’Europe septentrionale n’auraient pas un grand effort à faire, ni les peuples du Midi de l’Europe et les nations de l’Amérique méridionale à l’égard du français. On créerait ainsi un courant d’une force irrésistible, qui finirait par s’imposer à tous.

« Un traité de ce genre n’a rien de chimérique. N’en avons-nous pas vu conclure de pareils pour l’Union postale, pour la Croix de Genève ?

«  Il est vrai que l’Allemagne se trouve en dehors de cette combinaison. « Évidemment, dit l’auteur du projet, M. Paul Chappellier, l’Allemagne, comme corps de nation, verra d’un mauvais œil cette convention franco-anglo-américaine. Mais sur le nombre des Allemands que la convention intéresse, la moitié environ connaît déjà ou le français ou l’anglais, ou les deux langues ; chez l’autre moitié, le froissement national s’effacera devant l’intérêt commercial, quand on saura qu’en apprenant soit le français, soit l’anglais, on pourra s’entendre, non seulement avec tous les Français, les Anglais et la Américains du Nord, mais encore avec tous ceux des étrangers qui, subissant l’influence de cette coalition, auront appris l’une de ces deux langues. »