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nion favorable à mon projet. Je ne puis résister au plaisir de reproduire ci-dessous quelques passages de cette note.

L’inventeur de la langue Bleue, M. Bollack, lui avait adressé des objections à sa première note et une critique pour les langues artificielles. M. Bréal lui répond :

« … En réalité, c’est mettre en parallèle deux acquisitions qui n’ont rien de comparable. Au moyen d’une langue naturelle comme l’anglais, comme l’allemand, comme l’italien, vous entrez en contact avec un grand peuple : vous lisez ses journaux, vous êtes libre de faire connaissance avec ses hommes d’État, ses penseurs et ses poètes. C’est votre vie morale que vous enrichissez ; comme le disait cet Ancien, c’est une seconde âme que vous ajoutez à votre âme. Avec une langue artificielle, que ce soit l’Espéranto, la langue Bleue ou quelque autre, vous avez — toutes choses étant mises au mieux — un billet de circulation pour les hôtels. Vous pouvez, en outre, communiquer avec les initiés. Hors ce service limité et momentané, vous n’avez rien. La langue, il est vrai n’offre pas de difficultés ; mais le profit est en raison de la pein que vous vous êtse donnée.

« Telle est la vérité. Il est bon de ramener les choses à leurs justes propositions. Le Touring-Club, en prenant l’Espéranto sous sa protection, en a bien reconnu le caractère : c’est essentiellement la langue du vélocipède. Les cyclistes en peuvent emporter la grammaire dans leur bagage, avec leurs clés et leur burette. »

« … La question est donc celle-ci : Lequel vaut mieux, acquérir sans peine une langue d’une utilité strictement bornée quant au public et quant au fruit que vous en pouvez tirer, ou posséder, au prix d’une dépense convenable de temps et d’effort, un instrument de communication d’un valeur inappréciable et d’un emploi constant ? À chacun de nous de choisir, selon le but que nous nous proposons, et selon les avantages que nous avons en vue.

« Je n’insisteraii pas plus longuement. Mais puisque l’occasion m’est fournie de revenir sur ce desideratum d’une langue internationale, j’en profiterai pour apprendre à mes lecteurs que la solution recommandée dans cette Revue semble avoir