Page:Chaptal - Élémens de chimie, 1790, Tome 1.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


De là vient sans-doute que l’affinité de composition est d’autant plus forte, que les corps approchent plus de l’état élémentaire ; et nous observerons, à ce sujet, que c’est même une loi très-sage de la nature, car si la force ou affinité de composition n’augmentoit pas à mesure que les corps sont ramenés à ce degré de nudité, si les corps ne prenoient pas une tendance décidée à s’unir et à se combiner à proportion qu’ils avoisinent leur état primitif ou élémentaire, la masse des élémens iroit toujours croissant par les décompositions successives et non interrompues, et nous retomberions insensiblement dans ce cahos ou cette confusion de principes qu’on suppose avoir été le premier état de ce globe.

C’est la nécessité de cet état de division si propre à augmenter l’énergie de l’affinité qui a fait recevoir, comme un principe incontestable, que pour que l’affinité de composition ait lieu, il faut que l’un des corps soit fluide, corpora non agunt nisi sint fluida ; mais il me paroît qu’une division extrême peut remplacer une dissolution, car l’une et l’autre de ces opérations ne tendent qu’à diviser et à atténuer les corps qu’on veut combiner sans en altérer la nature ; c’est en raison de cette division qui équivaut à une dissolution, que s’opèrent la décomposition du muriate de soude par la trituration avec le minium, l’union à froid et à sec de l’alkali à