Page:Chaptal - Élémens de chimie, 1790, Tome 1.djvu/154

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ne doit être que l’expression pure et simple des faits, mais presque toujours nous les subordonnons à notre imagination, nous les adaptons à notre manière de voir et nous nous engageons dans de fausses routes ; l’amour propre nous fournit ensuite toutes sortes de moyens pour ne pas revenir sur nos pas, nous attirons dans le sentier de l’erreur tous ceux qui viennent après nous, et ce n’est qu’après bien du temps perdu, ce n’est qu’après s’être épuisé en vaines conjectures, ce n’est qu’après s’être bien convaincu qu’il nous est impossible de plier la nature à nos caprices et à nos délires, que quelque bon esprit se dégage des liens dans lesquels on l’avoit enlacé, il revient sur ses pas, consulte de nouveau l’expérience, et ne marche qu’autant qu’elle le pousse.

Nous pouvons dire, à la louange de quelques-uns de nos contemporains, qu’on discute aujourd’hui les faits avec une logique plus sévère ; et c’est à cette méthode rigoureuse de travail et de discussion que nous devons rapporter les progrès rapides de la chimie. C’est par une suite de cette marche dialectique qu’on est parvenu, à s’emparer de tous les principes qui se combinent ou se dégagent dans les opérations de l’art et de la nature, à tenir compte de toutes les circonstances qui ont une influence plus ou moins marquée sur les résultats, à déduire des conséquences