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ni les calculs du méchanicien, ni les analyses des chimistes, qui expliquent à leur gré, les diverses facultés morales ou physiques. Le Médecin observe, décrit les phénomènes, rapproche les variations des causes qui les produisent et reconnoît un moteur général, dont l’action se modifie de mille manières, ce qui déjouera sans cesse les résultats toujours invariables du chimiste et du méchanicien.

Le Médecin met à contribution le tems, les climats, tous les êtres de la nature pour y puiser les observations nécessaires ; il envisage son sujet sous tous les rapports, il sait profiter de ces heureux résultats que les aberrations de la nature nous offrent par intervalles. Il sépare avec soin l’observation erronée ou mutilée d’avec les faits entiers et bien vus : et c’est en observant les phénomènes des fonctions ; c’est en épiant les mouvemens de la nature sans jamais se substituer à sa place ; c’est en calculant les causes par les résultats, qu’on est parvenu à décrire ses opérations et à tracer avec ordre la marche qu’elle suit. En un mot, le Médecin observateur se borne à décrire ce qui existe sans imaginer ce qui peut être : et c’est ainsi qu’il parvient à connoître l’état sain qui est toujours l’état naturel.

En rapprochant ensuite les modifications que les changemens de température, l’action de divers alimens, l’effet des remèdes, l’influence de l’âge, des passions, des tempéramens, apportent dans l’exercice des fonctions du corps humain, il apprend à en prévoir et à en prévenir les altérations.

L’étude de l’homme sain, considérée sous son vrai point de vue, nous fournit donc les moyens de conserver la santé et de la rétablir lorsqu’elle est altérée. La physiologie, l’hygiène et la pathologie, reposent donc sur une même base,