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agir, de comparer les phénomènes sans prétendre ni les diriger, ni les produire : et, s’il soumet à son analyse les différens produits de l’animalisation, ce n’est que pour porter l’anatomie jusqu’aux derniers élémens et connoître par-là les derniers ressorts de l’organisation vitale.

Ainsi, la chimie, comme l’anatomie, nous présente les matériaux des fonctions : et si, d’un côté, l’anatomie fait la séparation des organes, la chimie fait, à son tour, la séparation de leurs principes : mais ni l’une ni l’autre de ces deux sciences ne sont en droit de nous instruire sur la vitalité : chacune d’elles se borne à nous fournir les moyens d’en observer les effets. La chimie, en suivant l’air, l’eau, les alimens et les remèdes dans l’intérieur du corps humain, observe et connoît les changemens qu’ils y éprouvent et les modifications qu’ils apportent dans tout le système des solides et des liquides. La connoissance de la dépravation des divers agens indique suffisamment au chimiste le genre d’altération que doit en éprouver le corps : mais le mode de tous ces changemens, de toutes ces opérations, nous échappe ; et le chimiste s’occupe à décrire ce qu’il voit plutôt qu’à supposer ce qui peut être : il laisse la direction de tous les mouvemens au principe de vie : il se borne à constater les effets, à tenir note des résultats.

L’étude de la médecine, considérée sous ses vrais rapports, ne se borne point, Citoyens Élèves, à la connoissance de l’homme : le cours de votre instruction est dirigé de manière à vous donner des notions exactes sur presque tous les arts qui intéressent essentiellement la société.

La botanique et la chimie, par exemple, sont telles, qu’il est impossible d’en séparer ce qui n’a rapport qu’à la médecine. En détachant et isolant quelques principes de ce grand