Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/122

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jour le goût du consommateur ; il est entouré d’artistes et de savants qui l’éclairent ; il a toutes les facilités désirables pour ses approvisionnements et la consommation de ses produits ; il fait mettre en œuvre ou donner l’apprêt, sous ses yeux, aux matières qui sont préparées à bas prix dans les campagnes ; il augmente ou réduit sa fabrication, selon les circonstances et d’après le simple calcul de ses intérêts, parce qu’il ne craint point que l’homme des champs, qui n’emploie à la fabrication que le temps qu’il ne peut pas donner à l’agriculture, retombe dans une mortelle oisiveté par la cessation des travaux de l’industrie.

« Si nous portons nos regards sur les fabriques qui prospèrent depuis longtemps, et dont l’existence a été inaccessible aux orages des révolutions, aux caprices des modes et à la versatilité des lois et des règlements sur le commerce, nous les verrons toutes dans les campagnes, où l’aridité du sol et la rigueur des frimas ne permettent pas à l’habitant de se livrer, sans interruption, aux travaux de la terre ; et l’expérience nous apprendra que, quoiqu’au sein des montagnes et sous le chaume les moyens d’exécution soient moins perfectionnés que dans les villes, néanmoins les produits qu’on y fabrique sont offerts, sur tous les marchés de l’Europe, à plus bas prix que ceux des villes ; ce qui provient de ce que la main-d’œuvre y étant moins