Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/137

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tandis que le vœu qu’il forma pour le laboureur restera éternellement gravé dans le cœur reconnaissant du peuple français. »

Si une tout autre bouche que celle de Chaptal les avait prononcées, ces paroles eussent pu paraître séditieuses à l’esprit ombrageux de Napoléon. Lui rappeler qu’un jour les monuments qui célèbrent ses victoires auront peut-être disparu, ne pouvait être permis qu’à un homme dont la loyauté et le dévouement à l’État étaient au-dessus de tout soupçon. Mais aussi, combien de personnes, en ce temps-là, auraient osé, sous le regard de Napoléon, montrer une telle indépendance de langage ?


En 1814, la première invasion du territoire par les armées de la coalition européenne donna encore une fois à Chaptal l’occasion de se dévouer. Dans toutes les crises que le pays avait traversées, on avait eu recours à son expérience. Cette fois, Napoléon s’adressa beaucoup plus au prestige de son nom et à la popularité dont il jouissait dans le monde industriel et commercial. En l’envoyant à Lyon avec la qualité de commissaire extraordinaire, il lui adressa, le 26 décembre 1813, la lettre suivante :

« Dans les circonstances où se trouve l’État, nous avons jugé nécessaire d’envoyer, avec des pouvoirs extraordinaires, dans chacune de nos divi-