Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/176

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Lorsqu’il lui arrivait quelquefois de se trouver dans la société, ou bien il ne prenait aucune part à la conversation, ou il frondait l’opinion dominante avec humeur. Un jour que M. de Marbeuf parlait des moyens qu’il allait employer pour pacifier la Corse : « Bah ! » répondit brusquement Napoléon, alors âgé de dix à douze ans, « dix jours de règne d’un pacha feraient plus pour pacifier la Corse que dix ans de votre gouvernement », et il remonta dans sa chambre.

Les études à l’école de Brienne avaient tellement altéré sa santé que sa mère, qui en fut instruite, fit le voyage pour l’en retirer. Elle consulta d’abord les professeurs pour savoir si son fils pouvait continuer son instruction sans compromettre sa santé. Tous l’assurèrent que, quoique prodigieusement maigri, il se portait bien ; mais le professeur de mathématiques observa qu’elle devait le retirer, parce qu’il perdait son temps depuis six mois. Comme sa mère paraissait attristée du propos, le professeur ajouta de suite : « Je dis qu’il perd son