Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/22

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principes, et, un an après, je rédigeai un traité sur cette matière, que j’écrivis en français. Je donnai mon travail à la Société des sciences de Montpellier, dont j’étais déjà membre ; le rapport, profondément raisonné, me fut extrêmement favorable ; on m’invitait à le livrer au public ; mais, peu confiant dans un travail de cette importance, et persuadé qu’un sujet aussi vaste ne pouvait être traité qu’imparfaitement par un jeune homme de dix-neuf ans, je renfermai mon manuscrit et le rapport, et me bornai à inscrire sur la première page l’époque et l’âge où il avait été composé. Cet ouvrage m’a été volé cinq ou six ans après.

Mon oncle avait toujours eu le projet de faire de moi un médecin praticien ; il souriait à l’idée de se donner un successeur. En conséquence, après mon doctorat, il me délégua des malades et des consultations ; j’avais l’air d’entrer dans ses vues, mais Plutarque et Montaigne les contrariaient en moi de toute la force du goût et de la raison, et je ne m’occupais de la médecine qu’autant qu’il en fallait pour ne pas me brouiller avec mon oncle.

Pour me soustraire à cette tyrannie médicale, je parvins à persuader à mon oncle qu’on se livrait trop jeune à la pratique de la médecine, qu’il convenait de se préparer à l’étude de cette noble profession par des recherches profondes ; j’appuyai mon opinion d’exemples honorables et je le décidai