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pouvoir visiter, à chaque instant, un monument, fait qu’on diffère du jour au lendemain et qu’on passe sa vie à côté sans jamais y entrer.

Après ces excursions dans Paris et au dehors, je me liai avec quelques littérateurs du temps tels que Lemierre, Roucher, Berquin, Cabanis, Delille, Fontanes, etc. Nous avions établi des séances académiques chez M. Lacoste, directeur de l’enregistrement, rue Saint-Thomas du Louvre, où nous lisions nos productions à tour de rôle. Je fréquentai beaucoup le Théâtre-Français et je ne respirai plus que poésie. Quelques essais en ce genre, que j’avais faits au collège et dans le cours de mes études en médecine, me valurent des encouragements, et il n’en fallut pas davantage pour me tourner la tête ; je traduisis en vers les hymnes de Santeuil ; je composai trois comédies ; j’eus même la prétention de travailler à une tragédie dont le sujet m’était fourni par l’histoire de la Pologne ; j’en avais terminé le deuxième acte, lorsque je sentis que ma verve s’affaiblissait et que mon troisième acte ne présentait partout que la gêne, l’embarras et le refus prononcé de Minerve. J’en restai donc là heureusement après avoir perdu deux ans dans cette carrière ; je me bornai dès lors à composer des vers de société et employai le reste de mon séjour à Paris à cultiver les sciences. Je n’avais pas cessé, d’ailleurs, de correspondre sur