Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans tous les temps, observer la plus grande réserve avec les généraux ; il les tenait toujours à une grande distance de lui ; il leur adressait à peine la parole et seulement sur des choses indifférentes. Ils ne connaissaient ses ordres qu’au moment où il fallait partir pour les exécuter. S’étaient-ils distingués, il se bornait à dire qu’ils avaient fait leur devoir : quelquefois seulement, il les mentionnait honorablement dans ses bulletins. Étaient-ils malheureux, toute la faute en était à eux, et jamais ni à l’infériorité des troupes qu’il avait mises sous leur commandement, ni aux mauvaises positions dans lesquelles cette infériorité les avait placés.

Aussi, à l’exception de deux ou trois qui l’avaient connu dans sa jeunesse et qui avaient conservé avec lui une certaine liberté, les autres l’approchaient en tremblant, et ils ne pourraient pas dire qu’ils aient jamais eu avec lui un moment de liberté. Il les accablait de fortune, en leur accordant des majorats dans les pays conquis, d’abord parce qu’il fallait former des maisons opulentes à la Cour, où il n’y en avait