Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/266

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Allemagne à cette époque, fut indigné de ce jugement. Il écrivit au grand juge pour qu’on obtînt un sénatus-consulte qui transférât l’accusé aux assises d’Amiens, ce qui fut fait ; mais la décision fut la même, et Napoléon n’alla pas plus loin.

Ce qui paraîtra peut-être plus étonnant aux yeux de la postérité, c’est qu’il ait trouvé des juges qui se soient soumis à ses caprices et que les ministres de la loi aient été les premiers à l’enfreindre. La lenteur des formalités devant les tribunaux et l’application des lois, qu’il ne trouvait jamais assez rigoureuses, lui ont fait créer des cours spéciales et des commissions militaires qui s’emparaient de presque tous les délits. Là, son pouvoir était absolu, parce qu’il nommait les juges, et que, lorsque les décisions n’étaient pas conformes à ses volontés, il renvoyait l’appel à une autre commission toute de son choix.

On l’informa, un jour, que le feu avait pris à un vaisseau du port de Brest. On observait qu’il n’y avait à bord qu’un agent de la police,