Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

nature et l’importance des relations commerciales. Il ne savait pas que tout y est calcul et convenance, et qu’il n’y a pas une opération qui ne demande la plus grande liberté pour celui qui la fait. Il ne savait pas que les besoins d’une place appellent les ressources d’une autre, que la différence des prix détermine seule les achats, et que le commerçant, avant de faire une opération, doit avoir soumis tout au calcul. D’après cela, aucune force étrangère ne doit ni s’immiscer dans son entreprise, ni l’entraver.

Napoléon était loin de rapporter la haine que lui avait vouée le commerce aux raisons que nous venons de déduire. Il y a plus : il croyait sincèrement le servir par ces mesures vexatoires ; il croyait même l’éclairer et avait la sotte prétention de se persuader qu’il lui donnait une diversion avantageuse à ses intérêts. Ne pouvant se faire illusion sur la misère qui accablait les villes maritimes, il en appelait à un avenir plus heureux qu’il disait préparer, et regardait ces calamités comme passagères.