Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/281

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concurrence ; elles ont été assurées du débit de leurs produits, quoique de qualité inférieure dans le principe. Peu à peu, elles se sont perfectionnées, et enfin elles sont arrivées, en très peu de temps, à faire aussi bien que les étrangers. Si Bonaparte avait écouté les plaintes du consommateur ou des préjugés publics, nos fabriques seraient encore dans l’état d’imperfection où il les a trouvées.

Je ne puis pas taire qu’un motif puissant, son aversion pour les Anglais et le désir de nuire à leur industrie, n’ait contribué pour beaucoup à lui faire adopter ces mesures ; mais quel qu’ait été son motif, l’effet n’en a pas été moins favorable à notre industrie, et la seule fabrication des tissus de coton est devenue pour nous un commerce de deux à trois cents millions.

Mais il était dans la destinée de Napoléon d’altérer, sous quelques rapports, le bien qu’il faisait. À peine a-t-il vu prospérer ses fabriques qu’il s’est hâté de mettre un droit énorme sur l’entrée du coton. Ce droit était plus fort que la valeur mercantile de cette matière. Il s’était