Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/293

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séchait dans sa source la prospérité publique.

Dans les deux périodes de disette qui se sont présentées pendant son règne, on l’a vu employer tous les moyens capables de l’aggraver. Toujours fidèle à son principe, mais alors ne s’occupant guère que du sort de la capitale, tantôt il forçait les boulangers à donner le pain au-dessous de ce qu’il leur coûtait, tantôt il achetait des grains qu’il leur donnait à perte pour pouvoir fournir le pain au cours qu’il avait arrêté. Dans le premier cas, la police n’avait pas assez de force pour contraindre les malheureux à consommer leur ruine ; dans le second, la différence des prix en dehors et au dedans des barrières déterminait la sortie d’une énorme quantité de pain, de sorte qu’au lieu de dix-huit cents sacs de farine nécessaires à l’approvisionnement journalier de Paris, il fallait en fournir trois ou quatre mille.

Un des plus grands défauts de Napoléon était de prendre constamment la place du commerce dans les moments difficiles et de croire que ses mesures d’administration pouvaient y suppléer.