Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/296

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Il ajoutait que lorsqu’on avait à combattre des forces supérieures, il fallait les étonner par l’audace, et que, dans ce cas, il lui avait toujours réussi de réunir ses forces pour les porter avec impétuosité sur un point et mettre en désordre une partie de l’armée ennemie. Un général habile, qui sait profiter avec vigueur de ce premier avantage, est sûr de forcer son ennemi à la retraite. On perd alors dans une heure tout le monde qu’on aurait perdu sans succès par des manœuvres, des marches et des contremarches.

C’est sans doute un grand talent pour un général de faire de bonnes dispositions, de savoir arrêter un bon plan, de prendre de bonnes positions ; mais un talent bien supérieur à ce dernier et bien plus rare, c’est celui qui consiste à profiter des fautes de l’ennemi, à réparer promptement un échec. Celui-ci suppose plus de sang-froid, et Bonaparte convenait que Masséna le possédait au suprême degré.

« Tout homme, disait-il, peut former un plan de campagne, mais peu sont capables de faire la guerre, parce qu’il n’appartient