Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/327

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ceux qui vivaient le plus habituellement dans sa société, tels que Duroc et Berthier, ne s’écartaient jamais des bienséances. Il jouait souvent à toutes sortes de jeux, mais il trichait sans cesse ; il se faisait payer, mais rendait l’argent que sa conscience lui reprochait d’avoir mal gagné.

Je l’ai vu plusieurs fois jouer aux barres sur les gazons de la Malmaison et ne cesser le jeu que lorsqu’il était en sueur.

Personne n’était à son aise autour de Napoléon, parce que personne ne pouvait compter sur des sentiments de bonté ou d’indulgence de sa part. Le moindre contretemps, la plus légère inattention le portaient à des fureurs, et il n’avait aucun égard pour les personnes qui le voyaient le plus habituellement, de sorte que ces personnes étaient toujours sur les épines, dans la crainte de déplaire ou de prendre sur elles des décisions qui pourraient le contrarier. Aussi étaient-elles constamment occupées à prendre ses ordres pour les plus petites choses, et à les exécuter sans modification, fort heureuses encore s’il ne faisait pas retomber sur