Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/351

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Napoléon ne croyait ni à la vertu, ni à la probité. Il appelait souvent ces deux mots des abstractions ; c’est ce qui le rendait si défiant et si immoral. Sa politique n’était qu’astuce et tromperie. Obligé quelquefois de céder aux circonstances, il signait des traités et ne faisait qu’ajourner ses projets ultérieurs. Un de ses ministres, le félicitant après le traité de Tilsit, lui observa que ce traité le rendrait maître de l’Europe. L’Empereur lui répondit : « Et vous aussi, vous êtes peuple ! Je ne serai maître que lorsque j’en aurai signé le traité à Constantinople. Et le traité que je viens de signer me retarde d’un an. »


Lorsqu’on connaît le caractère et l’insensibilité de Napoléon, on voit évidemment que l’amour n’a jamais dû exercer sur lui un bien puissant empire. Deux ou trois femmes d’un caractère doux et aimable ont paru le fixer plus longtemps, et lui ont arraché des égards, mais jamais l’amour n’est entré dans ses liaisons. Au milieu de son débordement, il con-