Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/37

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devins le président de ce fameux Comité central, établi à Montpellier et composé des députés de trente-deux départements. Il comptait soixante-quatre membres. Nous organisâmes trois corps d’armée, l’un à Bordeaux, l’autre à Lyon et le troisième au Pont-Saint-Esprit. Nous convoquâmes une nouvelle Convention à Bourges, où se rendirent plusieurs de nos députés ; nous créâmes un tribunal à Clermont, pour juger les membres de la Convention. Nous nous étions emparés de l’administration dans les départements fédéralisés. Nous correspondions avec M. de Wimpfen, qui avait formé une armée en Normandie ; nous marchions à grands pas vers le succès. Nos départements n’avaient plus qu’un sentiment, celui de se soustraire à la domination de quelques hommes audacieux qui, sous le nom de Convention, forçaient la volonté d’une majorité faible et sans énergie ; mais la retraite, ou plutôt la fuite de Wimpfen, porta l’alarme dans nos rangs ; l’audace redoubla dans le cœur des chefs de l’anarchie ; nos comités furent dissous, les membres emprisonnés ; la terreur devint générale ; toutes les places de l’administration et des services publics furent confiées à des têtes exaltées ou à des brigands ; des députés revêtus de tous pouvoirs furent envoyés dans les départements, les échafauds furent dressés sur toutes les têtes, et l’anarchie porta sa torche sur toutes les