Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/381

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autres. Ce grand nombre d’agents, qui remplissaient chaque jour leur bulletin de tous les on dit des cafés, semaient l’alarme partout. Aucun citoyen ne pouvait se flatter de ne pas être arrêté et compromis. Et les administrateurs, qui n’étaient pas à l’abri des dénonciations, avaient en tout une marche timide. C’était presque toujours à de jeunes gens qu’on confiait ces fonctions importantes, de sorte que l’habitude des délations desséchait de bonne heure ces jeunes cœurs, qui bientôt n’étaient accessibles à aucun sentiment généreux. C’était presque toujours sur leurs rapports qu’on destituait les administrateurs, qu’on enfermait des citoyens paisibles, etc.

Indépendamment de cette police, l’Empereur en avait de plus redoutables encore. La gendarmerie était chargée de transmettre chaque jour à l’inspecteur général, à Paris, un bulletin pour faire connaître la situation de chaque partie de la France, et les gendarmes ne consultaient souvent que leurs ressentiments ou des propos de cabaret, qui compro-